mercredi 28 octobre 2015

Fin décembre 2006. Quelques lignes jetées çà et là, entre doutes et petites victoires.


Décembre 2006
À l'époque, Amélie a deux ans. 

Rencontre avec la directrice, visite de l'UPE (Unité Petite Enfance), la maman inquiète a posé des tas de questions débiles (mais la maman s'en fout d'avoir l'air débile, elle en est plus à ça près!). En gros (en très gros même), ça ressemble à une crèche, mais en moins gai.

Amélie a passé la matinée à faire son cri de guerre ("A A A!") en me tirant par la manche (ou la jambe, ou les cheveux) toutes les cinq minutes. Elle voulait quelque chose, je ne savais pas quoi, et c'était très frustrant pour l'une comme pour l'autre. Cette situation commence à nous fatiguer toutes les deux, on est dans une sorte d'impasse et je cherche désespérément un moyen de nous en sortir. Si quelqu'un a une méthode miracle pour libérer la parole, je suis preneuse.

Cette nuit Amélie s'est réveillée à trois heures en pleurant, évidemment elle ne pouvait pas me dire ce qui n'allait pas, j'ai donc passé une heure à la rendormir dans mes bras avant de me recoucher. J'ai de plus en plus de mal à supporter son silence, je ne comprends pas toujours ce qu'elle essaie de me dire avec ses "A A A" et je passe mes journées à essayer de deviner selon le contexte.

Je commence à saturer, une accumulation de petites choses au mauvais moment, j'ai du mal à me reprendre.
J'éprouve de la rage contre moi-même. Colère contre moi-même car je n'arrive pas à comprendre ma propre fille et ne sais comment l'aider.

Réveillon chez mes beaux-parents ce soir, petite soirée toute simple et toute calme. Amélie était en pleine forme, pas du tout motivée pour aller dormir, elle a passé la soirée à jouer. Vers onze heures, gros coup de fatigue, et là elle a fait un truc vraiment adorable : elle a poussé sa mamie du fauteuil et est venue me prendre par la main pour le câlin du soir. Le câlin avant le coucher, c'est notre petit moment rien qu'à nous, notre bulle d'amour maman-enfant. Un gros gros câlin, puis je suis montée la coucher... sauf que la miss n'avait pas du tout envie de me voir partir comme ça. Re-câlin dans la chambre du haut, rien que nous deux cette fois. Un câlin bisou tout doux, un câlin tendresse et caresse... un câlin d'amour tout court. Des petits mots chuchotés à l'oreille, des petits mots rien qu'à nous et rien que pour elle, pour lui dire que je l'aime, qu'il faut qu'elle vive sa vie d'enfant, que les silences de sa maman ne doivent pas l'empêcher de dire les choses qu'elle voudrait nous dire. Des mots d'amour pour lui dire de ne pas avoir peur, des mots pour rassurer, des mots pour câliner.
Après ce gros câlin douceur, Amélie ne voulait plus du tout quitter mes bras... alors nous sommes redescendues, pile pour les douze coups de Minuit. L'année 2006 s'est donc achevée sur un beau moment de tendresse avec ma fille, je ne pouvais pas rêver mieux.
2007 commence, avec son cortège de bonnes résolutions qui ne seront pas tenues (du coup j'évite d'en faire, je gagne du temps!).
Pour Amélie ce sera l'année de l'entrée à l'Unité Petite Enfance... et j'espère l'année de sa sortie également!

Depuis des mois je culpabilise, je me demande pourquoi notre fille ne parle pas, je me remets en question, j'en parle, j'essaie de comprendre, j'écoute les conseils des uns et des autres... depuis des mois je me heurte à un mur, j'essaie de faire face comme je peux, pour Amélie, pour l'aider à sortir de cette bulle qui l'emprisonne... et tout me revient en plein dans la figure!

Cet après-midi Amélie a fait un truc assez inhabituel : elle nous a apporté un livre de petit Ours Brun et nous a montré l'image des crayons de couleur. Son papa m'a alors dit que les images pourraient l'aider à s'exprimer... j'ai failli lui sauter au cou tellement j'étais heureuse de l'entendre dire ça! C'est exactement le principe du PECS (Picture Exchange Communication System), une aide au langage à l'aide de pictogrammes. J'avais évoqué le sujet il y a quelques mois c'était encore un sujet "sensible". Le PECS, c'est surtout utilisé avec les enfants autistes, donc handicapés... 
Du coup on en a parlé, on se rend bien compte tous les deux qu'Amélie est frustrée de ne pas toujours arriver à se faire comprendre, et qu'il faut qu'on l'aide dans ce domaine.
Tout le monde nous disait toujours "elle parlera quand elle en éprouvera le besoin"... et bien justement, là elle en a besoin, et elle n'y arrive pas, donc on doit l'aider.
Je suis heureuse qu'on ait abordé le sujet, l'idée fait son chemin, on va pouvoir se pencher sur la question.

Hier soir, pendant que je prenais le bain avec Amélie, elle a dit "maman".
Bon d'accord, elle l'a pas sorti comme ça toute seule, elle l'a répété après moi alors que je venais de le lui chuchoter à l'oreille, mais ça faisait plusieurs mois qu'elle ne le disait plus, donc là, j'étais vraiment heureuse!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire