lundi 26 octobre 2015

Décembre 2006, première rencontre avec la pédopsychiatre

4 décembre 2006

Plein de bonnes choses aujourd'hui! Ce matin on avait RV avec la pédopsychiatre pour Amélie. Plein de questions, un peu d'observation, nous y retournons lundi prochain pour "la synthèse" (grrr, j'aime pas ce mot!). Je m'attendais à des questions orientées sur les parents  mais non... Ce que je trouve positif c'est d'avoir pu parler de mes inquiétudes de maman et d'être écoutée. Ce n'est peut-être pas grand-chose mais j'avais besoin que quelqu'un de neutre le fasse, pas la famille ou les amis. Maintenant on attend lundi, on verra bien.

11 décembre 2006
 
A 14h30 nous avons rendez-vous pour le bilan d'Amélie. Elle a vu une orthophoniste et une pédopsychiatre, maintenant on fait le point. Amélie rit, chantonne, dessine, joue... mais elle ne parle pas. À deux ans, ce n'est pas encore très inquiétant, mais il y a "certaines choses" qui nous laissent parfois perplexes. Alors nous posons des questions, et nous espérons des réponses.


13 décembre 2006

Voilà, le bilan est passé. Je commence à digérer (un peu), je devrais pouvoir écrire sans m'énerver... du moins je vais essayer.
Donc hier, c'était le bilan avec la pédopsychiatre. Nous avions rendez-vous à 14h30 et on était pas mal stressés en arrivant (logique). La gentille dame est arrivée à 14h45, un dossier à la main, et nous l'avons suivie dans son bureau. On dit bonjour, on s'assied... silence. 
Et c'est parti! Ce qui interroge dans le cas d'Amélie, nous dit la très gentille dame, ce n'est pas tant le retard de langage que le comportement. Silence. 
- Quel comportement? ose demander la maman ignare. 
- L'absence de contact direct, répond la très gentille dame diplômée. 
- OK, répond la maman, mais alors, que peut-on faire? 
- Il faut qu'Amélie aille en observation à l'UPE, répond la très gentille dame très diplômée. La maman ignare tressaille, le poids de son incompétence se fait de plus en plus pesant, elle réfléchit à toute berzingue mais non, vraiment, elle ne connaît pas ce sigle. UPE comme "Union des Psychiatres Enlumineurs"? "Ukraine Profonde des Étudiants"? "Utopie des Poulpes Émerveillés"?
- Non Madame, UPE comme "Unité Petite Enfance".
OK, c'est plus clair.
- Et ça consiste en quoi? demande la pauvre maman vexée. 
- Ben on va l'observer, répond la madame toute puissante qui commence sérieusement à exaspérer la maman! 
Bon, donc pour résumer, après avoir attendu des mois pour obtenir trois rendez-vous d'une demi-heure chacun, c'est retour à la case départ, on reprend l'observation. Ce matin j'avais rendez-vous au CPEA de ma ville (cherchez pas, CPEA ça veut dire : "Centre Psychothérapique pour Enfants et Adolescents"), j'aurais dû annuler car ça faisait doublon avec le reste, mais j'y suis allée quand même, je voulais poser des questions sur cette fameuse UPE. Je suis ressortie avec autant de questions que la veille, autrement dit mon ignarité allait en s'aggravant!
Cet après-midi j'ai appelé cette fameuse UPE pour prendre rendez-vous, je suis tombée sur une dame très gentille qui m'a longuement expliqué de quoi il s'agissait, elle ne m'a pas parlé comme à une maman non comprenante et j'ai apprécié. En gros, c'est une sorte d'hôpital de jour pour très jeunes enfants, Amélie ira tous les matins pendant quelques semaines et sera dans un groupe de quatre enfants. Il y aura une orthophoniste, une psychologue et une psychomotricienne, et à l'issue de ces quelques semaines, l'équipe nous proposera une prise en charge adaptée.
C'est bizarre, j'ai travaillé avec des enfants handicapés, je me souviens avoir regretté le manque de communication entre l'équipe et les familles. Maintenant que je passe de l'autre côté de la barrière, je trouve ça pire encore, une désagréable impression d'être considérée comme une maman qui ne comprend rien, d'être trimballée de service en service et de devoir suivre aveuglément les directives des "professionnels". C'est fatigant et humiliant, et ça ne fait que commencer.

13 décembre 2006, tard le soir

Il est tard, encore une fois je n'ai pas sommeil, ça devient une habitude. J'arrête pas de penser à cette fameuse UPE, imaginer ma petite fille là-dedans me terrorise. J'ai tellement peur des institutions enfermantes que j'ose à peine y voir ma petite Amélie. Ma jolie petite fille tellement silencieuse, qui vient me prendre par la main sans parler quand elle désire quelque chose. Qu'est-ce que j'ai fait? Qu'est-ce que je n'ai pas fait? Qu'est-ce que j'ai raté? Qu'est-ce que je n'ai pas vu? 
"Les enfants sont des éponges, ils absorbent toutes nos émotions"... combien de fois ai-je entendu cette phrase? Et malgré cet avertissement, je n'ai pas su protéger ma fille. Le silence comme refuge? La bulle pour se protéger? Le refus du contact, son regard si lointain parfois, l'absence de langage... elle sait dire "maman", je l'ai déjà entendu le dire, mais elle ne le dit que par imitation, pour jouer. Jamais spontanément. Même ça elle ne le dit pas, alors que c'est le premier mot qui vient dans la bouche des enfants.
Est-ce que je ne sais pas l'aimer comme il faut? Est-ce qu'on peut apprendre à aimer correctement? Aimer et faire grandir, au lieu d'aimer et enfermer dans une bulle?
Je suis perdue, j'ai l'impression que j'ai raté mon rôle de maman...


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